L’éducation
n’est pas une marchandise !
des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche
Nous, enseignants, chercheurs, personnels administratifs, techniques et ouvriers des universités et des organismes de recherche, syndiqués et non syndiqués, nous soutenons et appelons à participer massivement au mouvement initié par les étudiants de Rennes 2 contre les réformes de Ferry.
Nous exigeons l'abrogation de la réforme LMD/ECTS ainsi que le retrait définitif du projet de loi Ferry sur l'autonomie des universités.
Sous couvert d’harmonisation européenne, le service public d’éducation subit une attaque en règle du gouvernement. Préparée par les gouvernements précédents (Rapport Attali, ministères Allègre et Lang), la réforme LMD/ECTS vise en effet à « rentabiliser » les formations mises en concurrence au sein du grand marché européen de l’éducation et à accentuer les inégalités de traitement entre les différentes filières avec la constitution de pôles d’excellence. La « mobilité » des étudiants, faute de moyens, apparaît au mieux comme un prétexte, au pire comme un avant-goût de ce qu’on leur imposera demain comme salariés.
Les enjeux des réformes de Ferry sont ailleurs : accroître la mainmise du patronat sur la définition des cursus ; limiter les années d’études pour la grande majorité des étudiants à Bac+3 ; supprimer une large part des postes d’enseignants et de IATOS à l’occasion des départs en retraite ; casser le statut d’enseignant-chercheur (Rapport Belloc). Les regroupements de diplômes DESS/DEA, internes aux universités ou entre plusieurs universités, se traduiront par des regroupements pédagogiques et administratifs donc par des diminutions de postes. Pour les personnels IATOS, déjà victimes d’une détérioration organisée des conditions de travail par le passage aux 35 heures sans embauches, la « modernisation » des universités signifie la perte du statut de fonctionnaire d’Etat avec, à terme, des postes individualisés à outrance.
A l’opposé, nous voulons une réelle réflexion sur la forme et le fond de l'éducation en France. Une réflexion qui intègre la possibilité d’une harmonisation européenne et même mondiale par le haut, où le meilleur de chaque tradition puisse être mis en commun. Mais surtout, une réflexion qui vise à redonner à l'éducation sa vraie place : permettre à chacun(e) d’acquérir des connaissances et un sens critique faisant de lui un acteur de la société.
La logique des contre-réformes de Ferry, c’est celle qui a guidé Fillon dans son attaque contre le système des retraites au printemps dernier, et qui guide aujourd'hui le gouvernement dans ses projets contre la protection sociale ou contre les chômeurs (RMA). C’est la logique du marché, où tout se vend et tout s’achète, école, santé, culture (AGCS), et où ceux qui n’ont pas les moyens sont laissés de côté ou condamnés à travailler pour une bouchée de pain.
Cette logique, nous la refusons. Au printemps dernier, des centaines de milliers de salariés ont combattu le plan Fillon. Cet été, les intermittents du spectacle ont combattu la casse de leur régime. Aujourd'hui, les étudiants reprennent l’initiative contre les réformes Ferry. Cette mobilisation doit être un levier pour cette fois, tous ensemble, imposer un coup d’arrêt à la politique de destruction sociale massive menée par les gouvernements successifs.
Nancy, le 27 novembre 2003.
Premiers signataires :
Stéphane ANDRE, enseignant-chercheur (physique, INPL).
Michèle BAERMANN, secrétaire CNRS (ATILF, Nancy).
Nick BARRETT, chercheur CEA (LURE, Paris Sud).
Christine BELLOUARD, enseignant-chercheur(Physique des Matériaux, Nancy 1).
Frédérique BEY, IATOS (ILSTEF, Nancy 2).
Yann BONIFACE, enseignant-chercheur (informatique, IUT Charlemagne, Nancy).
Georges BOUBY, IATOS (Montpellier 2).
Ali BOULAYOUNE, enseignant-chercheur (sociologie, Nancy 2).
Mathias BOUYER, ATER (Histoire, Nancy 2).
Armelle BRUN, enseignant-chercheur (Informatique, UFR Maths-info, Nancy 2).
Emmanuelle CANUT, enseignant-chercheur (sciences du langage, Nancy 2).
Michael COUREN, IATOS (informatique, observatoire de Paris).
Didier CROUTZ, IATOS (Nancy 2).
Catherine DUFOUR, chargé de recherche CNRS (LPM, Nancy 1).
Alain DUTECH, chercheur INRIA (LORIA, Nancy).
Yann GAUDEAU, Allocataire-Moniteur (Traitement du signal, Nancy 1 Nancy 2).
Edmond GIRAUD, astronome (Groupe d'Astroparticules, CNRS/Montpellier 2).
Rodolphe GIROUDEAU (informatique, Montpellier 2).
Thierry GOURIEUX, enseignant-chercheur (physique, Nancy 1).
Jean GRAFF, IATOS (Nancy 2).
Jean-Pascal HIGELE (GREE, Nancy 2).
Evelyne JACQUEY, chercheur CNRS (ATILF, Nancy).
Christiane JADELOT, ITA CNRS (ATILF, Nancy).
Eric JOUGUELET, ATER (physique, Nancy 1).
Céline KABYLO, IATOS (Bibliothèque interuniversitaire de langues orientales, PARIS III).
Dragi KAREVSKI, enseignant-chercheur (physique, Nancy 1).
Chantal LEROYER Ingénieur de recherche (Archéologie, Ministère de la Culture).
Antoine LUCIANI, Doctorant (Staps Paris XI).
Dominique MARTINEZ, chercheur CNRS (Informatique, Loria, Nancy).
Bruno MARTINIE, enseignant-chercheur (sciences du langage, Lyon 2).
Michel MEYNARD, enseignant-chercheur (informatique, Montpellier 2).
Philippe NABONNAND, enseignant-chercheur (mathématiques, Nancy 2).
Hervé NAVEAU, IATOS (Paris III-Sorbonne Nouvelle).
Gwenaëlle PENNOBER, enseignant-chercheur (géographie, Univ-Réunion).
Céline PEREZ, IATOS (CROUS, Nancy-Metz).
Séverin PISTRE, enseignant-chercheur (hydrogéologie, Montpellier 2).
Marlo PLUMAUZILLE, étudiante (Sorbonnes, Paris I).
Gilles RAVENEAU, enseignant-chercheur (Staps, Paris X, Nanterre).
Manuel REBUSCHI, enseignant-chercheur (philosophie, Nancy 2).
Laurent ROLLET, enseignant-chercheur (philosophie, INPL).
Joseph ROMANO, enseignant-chercheur (sociologie, Nancy 2).
Catherine TOURRAND, enseignant-chercheur (Energétique, Université de la Réunion).
Caroline ZIMMER, ITA CNRS (Nancy).
Nancy Sup CGT
FERC-CGT