Convoqué·es Kéolis, troisième jour : répression, quand tu nous tiens...
Rappel du contexte : Avec la fin du confinement les affaires
reprennent. Neuf personnes étaient convoquées à la mi-mars suite à une
action pacifique devant Kéolis le 10 janvier dernier. Il leur est
reproché une "entrave concertée avec violence ou voie de fait à
l'exercice de la liberté du travail" pour un rassemblement matinal
devant le dépôt de bus de Keolis. Cette semaine, les neuf sont
devenu·es treize! Elles et ils sont enseignant·es, ouvriers,
infirmières, éducateurs... CGT, Solidaires, Front social,
non-syndiqué·es, Gilets jaunes, toutes et tous engagé·es dans la
mobilisation contre la réforme des retraites.
Ce mercredi 27 mai 2020, à nouveau trois personnes convoquées, à 9h, 13h
et 15h.
Comme les deux jours précédents, les trois personnes convoquées ont été
accompagnées par leur avocat au cours de leur audition et en sont
ressorties sans encombres. Des camarades de l'AG interpro et du comité
de soutien étaient aussi présent·es, au nombre d'une petite dizaine,
pour accompagner les deux premiers.
Mais aujourd'hui, l'intimidation policière est réapparue.
Une conférence de presse était programmée à 14h. Davantage de camarades
sont arrivé·es un peu avant et se sont réparti·es dans des groupes de 10
personnes maximum clairement distanciés. Le représentant des
renseignements généraux présent sur place nous a confirmé que le respect
des gestes barrières était correct. Ce même fait a par ailleurs été
constaté par l'ensemble des personnes présentes. L'une d'entre nous a
réalisé une petite animation florale bon enfant. Bonne nouvelle, cette
fois, la presse a répondu à notre invitation. Des échanges se sont
déroulés en petits groupes, quelques images ont été réalisées. Bref,
tout allait bien. L'ambiance était apaisée, il faisait beau, les
auditions se déroulaient calmement.
Mais cinq ou dix minutes après le départ de la presse et peu de temps
avant que la troisième personne convoquée ne franchisse les portes du
commissariat, le bruit court que des agents de police vont sortir,
prendre à nouveau l'identité des personnes présentes et verbaliser. Par
ailleurs, nous apprenons que les personnes dont l'identité a été relevée
lundi vont aussi être verbalisées.
Afin de faire baisser la pression, la majorité des personnes présentes
en soutien s'éloigne du commissariat. Un groupe de moins de dix
personnes reste sur place, notamment pour accompagner la troisième
personne convoquée ce jour, également présente. Et hasard ou non, il est
constaté que cette personne précisément est soudain entourée par quatre
policiers qui ont alors l'attitude qu'on leur connaît bien quand un
dérapage est recherché : agressivité, démonstration de force. L'avocat
présent qui assiste à la scène intervient oralement et ça redescend. De
même, malgré des tentatives répétées de la part des forces de l'ordre à
l'encontre d'autres personnes présentes, tout le monde reste calme
pendant que les identités sont à nouveau relevées. Les arguments avancés
par les représentants des forces de l'ordre pour cette soudaine
démonstration de force dans une ambiance d'un calme assourdissant sont :
"Le parvis du commissariat est une zone sensible", "Oui, vous ne
comprenez pas, mais c'est comme ça", et tout à l'avenant.
Une partie des personnes qui s'étaient éloignées revient calmement sur
les lieux. Et comme lundi, les personnes présentes sont à nouveau
confinées derrière deux cars de police, sur le trottoir. Nous parvenons
néanmoins à reformer des petits groupes de 10 personnes au plus,
clairement distanciés.
Lorsque la troisième personne, convoquée à 15h, ressort du commissariat
sous les applaudissements des personnes présentes en soutien, l'ambiance
s'est apaisée, les cars de police, probablement placés pour masquer les
présent·es à la vue des passants, ont pu rentrer au nid.
On se demande quand même ce que cherche la police à répéter ces
interventions contre les soutiens aux convoqué·es... Désire-t-elle
démontrer que la solidarité est désormais interdite ? Qu'on a plus de
droit dans un supermarché ou dans une église que lorsqu'on soutient des
camarades ? Voudrait-elle, comme le dit un slogan, que tout le monde la
déteste... qu'elle ne s'y prendrait pas autrement.