Chirac, Villepin, Sarkozy, Hollande, Jospin, Fabius,
Le Pen, Bayrou, Cohn-Bendit…
Qu’ils s’en aillent tous !
55 %
des électeurs ont dit Non au référendum sur la Constitution européenne. Cela
malgré un battage médiatique disproportionné en faveur du Oui, malgré le
soutien des partis institutionnels UMP, PS, Verts et UDF. Le rejet est le plus
massif dans les villes ouvrières et les quartiers populaires. C’est le rejet du
libéralisme bien plus qu’une adhésion à la campagne xénophobe d’un de Villiers
qui s’est exprimé dans ce vote. C’est une claque pour les partis de
gouvernement, pour le Medef et la CFDT, pour tous ceux qui se situent du côté
de l’ordre établi. Et ça fait plaisir !
Qu’est-ce
que cela va changer ? Sur le fond, pas grand chose. Un bulletin de vote
n’a jamais changé la vie. Le chômage, la précarité grandissante, les attaques
contre les services publics, tout cela va continuer tant que les luttes
sociales n’auront pas modifié le rapport de force. Il suffit de voir l’allure
du nouveau gouvernement dirigé par de Villepin avec le retour de Sarkozy pour
se faire une idée. Après tout, ils ont bien continué comme si de rien n’était
après la claque des régionales il y a un an alors…
Faut-il
attendre 2007 ? C’est ce qu’aimeraient faire croire les ténors du PS.
Mais attendre quoi ? Que Hollande et les supporters de la Constitution
libérale viennent au pouvoir ? Ou bien le retour de Fabius ?
Souvenons-nous : premier ministre entre 1984 et 1986, ministre de
l’économie et des finances sous Jospin entre 2000 et 2002, Fabius est un homme
de droite comme il faut, au service des grands patrons, adepte de la précarité
(créateur des TUC), des restructurations (dans la sidérurgie notamment) et des
privatisations. S’il revenait au pouvoir en 2007, ce serait pour gérer à
nouveau le système. Quant à Buffet et Mélenchon, ils ont aussi siégé dans les
gouvernements de gauche plurielle, avec le succès que l’on sait. Pour mettre un
coup d’arrêt définitif à trente ans de politiques libérales, pour assurer la
satisfaction des besoins de la majorité de la population, il faudra bien autre
chose qu’une élection ou un retour de la gauche.
Faut-il
« renégocier » une constitution pour l’Europe ? Mais qui
irait négocier quoi, avec qui et pour quoi faire ? Chirac, ou demain
Fabius, avec des chefs d’Etat et de gouvernement autant qu’eux à l’écoute des
intérêts populaires ? Cela n’a aucun sens. Les institutions européennes
(la Commission, la Banque centrale, etc.) ont été taillées sur mesure pour les
multinationales, elles ne sont pas réformables dans un sens favorable aux
populations. Si nous voulons autre chose que l’Europe des patrons et des
banquiers, nous devrons renverser ces institutions antidémocratiques, supprimer
le pouvoir des multinationales et construire, par en bas, un autre pouvoir,
dans la rue, sur les lieux de travail, dans les quartiers où nous vivons.
Contre le
capitalisme, rassemblons les forces ! Pour une véritable
alternative, rien ne remplacera la lutte, la mobilisation, l’auto-organisation
des travailleurs et de la population. Aujourd’hui, c’est jusqu’à la moindre
municipalité qui est soumise à la loi de grands groupes comme Vivendi ou
Bouygues : c’est ce pouvoir qu’il faut renverser. Dans l’activité
syndicale et collective, partout, au quotidien, nous devons travailler à la
construction de contre-pouvoirs qui à terme devront remplacer le pouvoir en
place. Nous devons y œuvrer dès maintenant en rassemblant les forces autour des
revendications essentielles et vitales pour les salariés et les chômeurs :
revenu minimum à 1500 euros que l’on soit en activité ou privé d’emploi,
interdiction des licenciements, contrôle permanent des choix d’investissement
par les salariés des entreprises et leurs délégués, réappropriation par la
collectivité des entreprises privatisées, nationalisation immédiate et sans
indemnité des grandes entreprises agro-alimentaires et pharmaceutiques,
augmentation radicale des impôts sur les bénéfices des sociétés pour financer
les services publics : santé, éducation, culture.
Ces mesures,
personne ne les réalisera à notre place.
A nous tous de nous prendre en mains,
et de préparer le mouvement d’ensemble qui les imposera.
06/06/05
« Le
capitalisme ne s’effondrera pas tout seul, aidons-le ! »