Coup de gueule
La violence collective comme solution ?
Ça
y est, c'est de bon ton, c'est la période. Les meilleurs vœux. La bonne année.
C'est la tradition... Et si elle allait vraiment être bonne ? Après tout, qui
sait ?
C'est
sûr, lâcher ça, dans le vide, les vieux militants rigolent déjà. Mais si on
regarde d'un peu plus près l'année qui vient de s'achever, on peut s'interroger.
Allez, retenons trois faits pas du tout anodins : d'un côté une grève de
cheminots, massive, qui s'achève par des sabotages coordonnés ; au milieu, des
étudiants qui poursuivent la lutte par la grève de la faim ; au bout, des
enragés qui canardent les flics à l'arme à feu. Ces trois séries de faits ne
sont pas à mettre sur le même plan ? Sans doute. Mais si tous ne présentent pas
le même caractère de classe, de lutte vers un bien être général, ils sont cependant
tous les trois le produit déterminé de la société de classe, violente,
capitaliste.
Les
moyens ne sont pas nouveaux ? Certes. On peut quand même remarquer, sous
réserve que ce ne soit pas le résultat d’une manipulation patronale, qu'on
n’avait pas vu de sabotage de cette ampleur en France depuis longtemps. Idem,
la grève de la faim n'est pas neuve. Mais comme moyen de continuer un
mouvement, ça en dit long sur la détermination de certains. Et quant à ceux qui
tirent à l'arme à feu sur les flics, force est de constater qu'ils ne se
trompent pas d'ennemi en visant le bras armé du capital, celui qui les oppresse
tous les jours.
On
pourrait en palabrer pendant des heures, sur tel ou tel détail, sur les
désaccords de certains. Et ce serait sans doute très intéressant. Bornons-nous
à constater ici que les luttes sont en plein essor depuis 1995, et ce ne sont
pas les combats des deux derniers mois qui démentiraient l'affirmation. Bornons-nous
aussi à constater que les moyens de lutte utilisés paraissent de plus en plus
radicaux. Et, contrairement à ceux qui s'épouvantent, affirmons que la
radicalité de ces moyens n'est que le produit de la dureté de la société
elle-même. Ces violences ne sont que réponse à la violence du système, à la
violence de la politique des gouvernements successifs (de gauche comme de
droite), à la violence redoublée du sarkozysme en route pour le fascisme. Et la
violence des patrons et de l'Etat ne va pas s'adoucir. Le système a l'air comme
qui dirait de se raidir.
Les actions violentes vont donc se multiplier en retour, comme une
conséquence inéluctable. Alors faisons le pari que ces actions se coordonnent,
qu'elles deviennent violence collective, de lutte de classe, à la fois
implacable et porteuse d'espoir. Ce serait là une bonne année. Ceux qui savent
qu'on ne changera pas les choses avec des cures-dents ou des bulletins de vote
s'en réjouissent déjà.