EDITO

 

Besson, Kouchner, Lang, DSK, Rocard …
Les toutous du président

 

L’été aura été celui de toutes les attaques. « Bouclier fiscal » pour protéger les plus riches et franchises médicales pour faire payer à tout le monde les profits des groupes pharmaceutiques, suppression de 22 000 postes dans la Fonction publique dont la moitié dans l’éducation, attaque contre le droit de grève avec la mise en place du service minimum dans les transports (et promesse d’en faire de même ailleurs), réforme libérale dite de l’autonomie des universités, renforcement du tout-répressif (peines planchers pour les récidivistes) mais projet de dépénalisation des délits économiques, et maintenant attaques contre les régimes spéciaux de retraite, ces acquis sociaux permettant des départs en retraite plus tôt en compensation d’une plus grande pénibilité du travail. Sans compter les chantiers sur lesquels les centrales syndicales acceptent sans honte de négocier avec le Medef, là où il faudrait riposter sans débattre, comme sur le contrat de travail que le patronat veut entièrement refondre à sa sauce avec l’appui de l’Elysée.

L’été aura aussi été celui de tous les ralliements. A côté de la race en expansion des nouveaux chiens de garde, journalistes, intellectuels et médias complaisants à l’égard des puissants, on assiste à la reproduction massive d’un nouveau type de créature : les toutous du président. Généralement étiquetés socialistes, ces nouveaux amis de Sarkozy acceptent qui un ministère, qui une mission ou une commission, puisque beaux joueurs et beaux perdants, ils ne vont quand même pas faire la tête au vainqueur si leur parti a été incapable de l’emporter aux présidentielles puis aux législatives contre l’UMP.

Il ne serait pas très juste de qualifier ces ralliements de retournements de veste. Au siècle passé, quand on fustigeait les « renégats », c’était bien de gens passés d’un bord à l’autre qu’il s’agissait. Mais ici point de virage, il s’agit tout au plus de glissements liés aux plans de carrière, sans modification de ligne. Il suffit de voir comment les dirigeants encore au PS donnent le change à Sarkozy. Hollande qui se déclare en accord avec la nécessité de « travailler plus », Royal qui loue la fougue réformatrice de Sarkozy, et on en passe.

Mais il faut décerner la palme des toutous à Manuel Valls, maire socialiste d’Evry, lieutenant de Royal et partisan de la « rénovation » du PS : « Nous devons être le parti de l'entreprise et des entrepreneurs, créateurs de richesses », a-t-il déclaré cet été, et aussi : « nous ne sommes pas favorables à une société de l’assistanat ». Ledit Valls ajoutait en cohérence qu’il n’excluait pas de « faire un bout de chemin avec la majorité, à condition qu’elle nous entende, sur des sujets qui peuvent faire consensus ». Mais on se demande s’il subsiste un seul point divergent sur lequel la majorité est invitée à l’entendre. Valls s’est déclaré « évidemment favorable » à la suppression des régimes spéciaux de retraite par Sarkozy. Evidemment pas favorable au retour à 37,5 annuités pour tous, public et privé, mais ça, on s’en doutait, ce n’est quand même pas pour rien que Jospin a cosigné la casse des retraites à Barcelone en 2002.

L’avantage de sa stratégie, c’est qu’à ainsi coller aux basques de l’UMP le Parti socialiste est en train de liquider ce qui pouvait subsister d’illusions dans le bipartisme et dans les institutions en place. Hollande et consorts nous offrent une leçon de choses, le spectacle hautement pédagogique des grandes clarifications politiques. Ces gens en sont à un point de connivence avec la majorité qu’ils ne prennent plus la peine de faire semblant. Le camp de l’ordre capitaliste est (presque) à l’unisson, ce qui nous renvoie à notre dispersion, bref à nos retards en matière de mobilisation.