A l’heure où certains se gavent de champagne et de
caviar à bord de leur yacht doré, peut-être êtes-vous agglutiné sur la plage
avec les pauvres avant d’aller profiter d’un bon barbecue au camping. Barbecue
électrique, les autres sont interdits. Ou des pâtes. Peut-être même que vous
bouillonnez sur votre lieu de travail tellement les patrons et les politiques à
leurs bottes vous ont supprimé toutes vos vacances. Alors avant que les copains
ne reviennent et qu’on lance peut-être la grande grève générale
insurrectionnelle et expropriatrice, profitons de quelques instants pour voir
si vous seriez assez tordu pour remplacer les braves gens qui nous gouvernent.
Feriez-vous un bon président ?
1. Vous venez de vous faire élire et vous savez qu’une partie
non-négligeable du peuple du pays vomit votre allure de fasciste. Des
manifestations éclatent :
A) Vous
réprimez par la force : rien ne vaut quelques chiens lâchés sur les gueux.
B) Vous
enfermez les récalcitrants et les faites tabasser, rien de bien méchant ou pour
le moins c’est une technique éprouvée.
C) Vous
démissionnez immédiatement et autodissolvez la république, car après tout ils
ne doivent pas en vouloir qu’à votre tronche, ce doit être tout le système qui
les étouffe.
2. Une grève éclate dans les services publics et mobilise l’opinion.
Comment réagissez-vous ?
A) Vous
faites des sourires à la télé et vous licenciez les fauteurs de troubles.
B) Vous
négociez avec la CFDT pour en lâcher le moins possible et avoir l’air d’écouter
la populace.
C) Vous
recevez les délégués élus par le mouvement en démocratie directe et vous cédez
à leurs revendications légitimes.
3. La grève se généralise et dégénère. Les autoroutes commencent à être
paralysées :
A) Vous
envoyez l’armée et faites torturer à foison, après tout ils sont là pour ça.
B) Vous
partez en vacances à l’ile de Ré, qu’ils se débrouillent tous ces feignants.
C) Vous
convoquez le MEDEF et lui annoncez que son règne est fini et que les patrons
vont bientôt passer à la guillotine.
4. Des émeutes éclatent en banlieue et les agités se réclament solidaires
du pays en grève :
A) Vous
rétablissez le couvre-feu, embauchez à la hâte des hordes de flics et demandez
qu’on vous vote les pleins pouvoirs à la Pétain.
B) Vous
convoquez les médias et faites croire que vous ne payez pas l’impôt sur la
fortune, peut-être qu’avec ça ils vous croiront de leur côté.
C) Vous
vous suicidez comme un chien galeux que vous êtes d’avoir accepté d’être à la
solde des riches pour quelques limousines et avoir le droit de péter dans la
soie.
5. Les travailleurs du pays se remettent au
travail en autogérant leurs usines, en donnant du travail aux chômeurs, et se
partagent les bénéfices tout en bossant deux heures par jour :
A) Vous
remettez tout le monde au pas en demandant l’aide de George Bush et de l’ONU,
et rétablissez l’esclavage comme ce bon vieux Napoléon. Pis la peine de mort
aussi, autant voir grand.
B) Vous
vous avouez vaincu, y’a vraiment rien à faire avec des veaux qui ne respectent
même pas leurs maîtres.
C) Vous
sautez de joie et décidez d’abolir votre fonction et d’aller bosser deux heures
par jour comme tout le monde. D’toute façon vous avez pas le choix, c’est ça ou
la guillotine.
6. George Bush vous envoie balader car il a la
même situation à gérer chez lui. Vous voulez appuyer sur le bouton rouge pour
envoyer une attaque nucléaire :
A)
Contre l’Iran ou la Turquie. Une bonne guerre ça réveille les sentiments
patriotiques, nationalistes et racistes. Rien de tel pour souder un pays et
pour engraisser les riches en silence.
B)
Contre l’Allemagne. Comme ça une guerre diminue le nombre de pauvres, lamine
leur esprit de révolte, ça épuise tout le monde et la vente d’armes engraisse
les riches en silence. Suffit de prévenir le gouvernement allemand que c’est
pas contre lui et qu’il peut en tirer les mêmes avantages chez lui.
C)
Contre le sommet du G8 qui a lieu sur la lune cette année, car après tout c’est
aussi de leur faute toute cette merde.
7. La police et l’armée se rangent du côté des
insurgés autogestionnaires :
A) Vous
demandez l’asile politique à George Bush et prétextez que vous auriez fait la
guerre à ses côtés contre les méchants méchants, si on vous en avait laissé le
temps.
B) Vous
les comprenez un peu : après tout c’est pas vous mais eux qui se prennent
des cocktails Molotov sur le dos toute l’année. Pas étonnant qu’ils soient
aussi haineux et multiplient les bavures.
C)
Cette fois, c’est vraiment la fin : que peut le pouvoir sans ses chiens de
garde ?
VOUS AVEZ UNE MAJORITE DE A : Vous
avez assez regardé et gobé la propagande télévisuelle : vous êtes
mûr ! Ne reste plus qu’à franchir tous les obstacles qui vous séparent du
pouvoir, et ils sont nombreux. Le système est bien huilé. Eh oui ! Il ne
suffit pas de vouloir écraser tout le monde pour pouvoir devenir président. Il
faut encore être riche, de bonne famille, ne pas trop avoir trempé dans la
came, avoir un tonton marchand d’armes, être bien vu des intégristes
catholiques, avoir les médias à son service… Autant dire que si vous êtes
pauvre vous ne pouvez qu’adhérer à la morale dominante, sans en espérer les
privilèges. Consolez-vous, vous pouvez toujours devenir indic à la solde de
l’Etat.
VOUS AVEZ UNE MAJORITE DE B : En bon
réformiste républicain ou citoyen, vous vous dites qu’il faut bien qu’il y ait
des chefs, et que même certains peuvent être de bons chefs. Que
d’illusion ! Détrompez-vous car le pouvoir est une affaire de gros sous et
de morale fascisante. Vous ne tiendriez pas trois semaines à faire de la lèche
à la finance nationale et internationale. Et si vous rêviez de faire des belles
choses une fois aux commandes, le peuple serait là pour vous rappeler qu’il a
tous les droits, y compris celui d’user de violence pour faire respecter sa
dignité.
VOUS AVEZ UNE MAJORITE DE C :
Laissez tomber, le job est pas pour vous. Vous savez déjà que la fonction est
inutile et qu’elle mériterait d’être supprimée. De toute façon même avec une
nana ou un gars sympa comme vous, vous deviendriez un président comme les
autres en moins de deux car le pouvoir corrompt. La seule solution c’est d’en
finir avec les exploiteurs et de détruire le système capitaliste qui les
engraisse, et vous savez qu’être leur larbin privilégié n’y changerait rien.
Réjouissez-vous : vous serez du bon côté de la barricade à la prochaine
révolution !