Liberté pour Cesare Battisti
Cesare
Battisti a été interpellé dimanche 18 mars 2007 à Rio de Janeiro sur ordre du
Tribunal fédéral suprême brésilien, en réponse à une demande d'extradition du
gouvernement italien, a indiqué la police brésilienne. Battisti est également
toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international émis en août 2004 par
la cour d'appel de Paris. Son arrestation a été menée avec la participation de
membres français de l'organisation internationale de la police, Interpol, selon
la police brésilienne. Tout ça en dit long sur la police brésilienne qui, comme
toutes les polices, n’est qu’une milice au service du capital. Et, pour le
coup, au service des ambitions présidentielles d’un petit arriviste fascisant.
En 1977
Battisti était militant des Prolétaires Armés pour le Communisme, en Italie.
Réfugié ensuite au Mexique puis en France, il mena son travail d’écrivain sans
vague ni violence et ce depuis 29 ans. Le but de la manœuvre est de faire
extrader Cesare Battisti vers l’Italie pour qu’il y purge une peine de prison à
perpète, pour 4 meurtres qu’il nie avoir commis (près de 200 activistes
emprisonnés en Italie dans des conditions similaires). Notons qu’il a été condamné
en son absence, donc n’a pas pu se défendre, mais que la loi italienne ne
prévoit en aucun cas de le rejuger. « Le procès a eu lieu en Italie
dans le contexte des années de plomb, où les assassins d'extrême droite
bénéficiaient de complicités dans l'appareil d'Etat et d'une impunité de la
part de la justice, pendant que l'extrême gauche était en butte à une
répression féroce », rappelle à juste titre Alternative Libertaire. La
Justice officielle est loin de condamner tous les actes de violence. Les activistes
de droite, et notamment ceux qui ont déposé une bombe dans la gare de Bologne
(80 morts), sont libres en Italie alors qu'ils ont avoué leur crime (il
s’agissait des services secrets du réseau Gladio, également existant en France,
mis en place par l’OTAN). Il en est de même en France pour les activistes de
l'OAS, en vertu du principe selon lequel, un tiers de siècle après des périodes
de « guerre civile larvée », il ne faut pas rouvrir les plaies. Et en
France aussi, les militants d’Action Directe sont en train de crever en taule,
pour ceux qui n’y sont pas déjà mort. La justice républicaine n’est qu’une
justice de classe.
Le
gouvernement Prodi en Italie comme les guignols du deuxième tour de l’élection
présidentielle française, tous sont pour la collaboration policière et
judiciaire à l’échelle européenne. Leur Europe capitaliste est à leur image,
quoi qu’ils promettent : l’esclavage ou la taule pour les pauvres, le
caviar et la liberté absolue pour la petite poignée de riches qui dirige
l’économie et la politique.
Dans ce
contexte, quel peut être l'avenir judiciaire de Cesare Battisti ? Tout
dépend des décisions que va prendre la justice brésilienne. Si Cesare Battisti
est extradé vers l'Italie, il sera immédiatement placé sous les verrous et
passera le restant de ses jours en prison, sans jamais avoir rencontré un juge.
En plus, Cesare Battisti a toujours déclaré être innocent quant à ces 4
meurtres, en 1978-1979, dont celui d'un bijoutier milanais. La Ligue des Droits
de l’Homme rappelle que « Cesare Battisti n’a été condamné – sans
aucune preuve matérielle – que sur la base de deux témoignages de « repentis »,
qui ont acheté par leurs accusations d’importantes remises de peine pour les
crimes qu’ils avaient commis ».
Il faut
dire que la tendance de notre époque est de qualifier tout combat militant armé
de terroriste. De là à assimiler convictions politiques et fanatisme religieux,
le pas est franchi depuis longtemps : tout est permis pour fortifier la
dictature du capital ! Et dire que Cesare Battisti a quitté les
Prolétaires Armés pour le Communisme en raison d’un désaccord sur les méthodes
violentes employées…
Certains
se mobilisent déjà, au Brésil ou en France. Avec eux, exigeons la libération de
Cesare Battisti, l'arrêt des poursuites contre lui et la fin définitive des
menaces d'extradition à son égard comme à celui des autres militants italiens
d'extrême gauche réfugiés en France. Ensemble aussi, exigeons la libération des
militants d’Action Directe.