Une demi-page sur les élections : quel bonheur !

Nous avons invité des militantEs de différents courants à s’exprimer, à titre individuel, sur la campagne des présidentielles. L’idée étant de répondre à la question : « Quel lien et/ou quels enjeux présentent les élections de 2007 pour le combat contre le capitalisme ? ».

ChacunE étant invitéE à s’en donner à cœur joie pour expliquer pourquoi il/elle soutient tel ou telle candidatE, pourquoi il/elle ne soutient personne et considère que les élections sont nuisibles pour la santé et pour le moral des ménages, pourquoi la peste et le choléra, etc.

 


 

 

Reconnaissons le ! Boire un demi même avec nos camarades de la CNT, sans parler des élections, devient un exploit.

Est-il obligatoire pour autant que la CNT se prononce sur ce sujet ?

Notre organisation, se référant entre autres à la Charte d'Amiens, « déclare que le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera dans l'avenir, le groupement de production et de répartition, base de la réorganisation sociale ». Puisque la CNT conçoit la possibilité d'imposer la transformation sociale nécessaire par l'action syndicaliste globale, elle se refuse à déléguer aux candidats et partis politiques, quelqu'ils soient, cette mission émancipatrice, qui ne pourra être que l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes, tel que le préconisait l'Association Internationale des Travailleurs.

Tout mot d'ordre électoral de la CNT est donc inconcevable. Nos camarades se détermineront en fonction de l'expérience acquise lors de leurs combats, dans et hors de l'entreprise.

De toute façon Pelloutier reconnaîtra les siens !!!

Union Locale des syndicats CNT de Nancy et ses environs.



Rarement dans l’histoire, les travailleurs ont subi de telles pressions. Partout les capitalistes, toujours à la recherche de nouveaux débouchés, se livrent une concurrence féroce pour maintenir leurs profits. En France, casse du service public, du code du travail, délocalisations, accentuent chaque jour la précarité. Face à la remise en cause de droits souvent acquis grâce à des luttes difficiles, jamais le mouvement ouvrier n’a paru si faible. Les organisations politiques, syndicales sont divisées. Le discrédit qui pèse sur les politiciens est immense, il englobe dans un même rejet le personnel politique de la bourgeoisie, et les représentants des organisations ouvrières. Les illusions réformistes ont fait long feu : de mai 1981 à mai 2002, les gouvernements conduits par le parti socialiste ont montré leur incapacité à prendre en compte les intérêts de la classe ouvrière, et leur grande servilité à l’égard du patronat. Plus que jamais le capitalisme en crise, mais triomphant, n’a ni le besoin, ni les moyens de laisser des miettes pour un réformisme dont l’espace politique se réduit à néant. Cependant depuis quelques années les luttes semblent reprendre et donner quelques résultats : le retrait du CPE par le pouvoir au printemps 2006, le non au référendum sur le traité constitutionnel européen sont des victoires sur lesquelles il faut s’appuyer pour montrer que la lutte paie et inverser la tendance.

 

Dans ce cadre, les élections présidentielles ne sont pas un enjeu majeur : les « gros » candidats, protégés par l’Etat, les patrons, soutenus par un presse aux ordres peinent à se différencier sur quelques sujets de société. Pourtant l’intérêt de la population (et sa déception) est grand. Et c’est bien pour profiter de cette attention que les travailleurs, chômeurs, précaires portent à la politique, que la LCR a décidé de présenter Olivier Besancenot. Cette candidature a pour but d’utiliser la caisse de résonance médiatique que constitue la campagne électorale pour présenter une alternative anticapitaliste en rupture claire avec toutes les politiques menées depuis des décennies.  Cette candidature doit permettre de soutenir les luttes en cours, de les légitimer. Ces élections doivent être l’occasion de mettre en avant la nécessité d’une autre répartition des richesses. Ces richesses, produites par les seuls travailleurs, sont pillées par les capitalistes toujours plus assoiffés de profit. En revendiquant pour le monde du travail des mesures d’urgence seules capables de satisfaire les besoins élémentaires de la population, la LCR entend redonner confiance aux travailleurs pour exiger ce qui leur est dû et aider au regroupement de tous ceux qui veulent construire un nouveau parti pour les luttes. Ces élections sont pour nous un moyen d’armer les travailleurs contre l’offensive capitaliste, ce n’est qu’un début… 

 

Sylvie Petit, Stéphane Thomas militants LCR 54


Pourquoi nous n'irons pas voter

Avertissement : nous ne souhaitons par ce texte représenter personne (abstentionnistes, anarchistes...), et encore moins donner des consignes de vote, ou d'abstension, juste expliciter notre point de vue.

Le pouvoir, et tou-te-s ceux et celles qui y aspirent, a beau présenter les abstentionnistes comme des personnes qui se désintéressent des questions sociétales, pour notre part c'est justement parce que nous voulons donner notre avis, décider, et reprendre le contrôle de nos vies que nous nous abstenons lors des mascarades électorales.

Accordé par le pouvoir, le droit de vote a été concédé progressivement et avec parcimonie. Il s'agissait pour les possédant-e-s de légitimer leur pouvoir tout en confisquant les capacités d'auto-organisation du peuple. Si nous refusons de nous "exprimer" par le vote, c'est car celui-ci ne fera pas de nous des acteur-trice-s de la vie politique, mais des administré-e-s, dont les vies seront contrôlées dans un système incapable d'assurer une organisation sociale juste.

Nous sommes convaincus que quelque soit la personne élue et son programme, aussi courageuse et sincère soit-elle, elle ne pourra s'attaquer concrètement aux fondements mêmes de cette société inégalitaire et oppressive. Toute volonté de la transformer par la prise du pouvoir, par les urnes ou par les armes, aboutit au mieux à la gestion tranquille du capitalisme, au pire à des dictatures tragiques. Tout comme le capitalisme n'est ni humanisable ni réformable, l'État n'est pas un outil neutre au service d'une politique plus ou moins sociale. Il est l'instrument de domination et d'exploitation d'une minorité privilégiée. Finalement c'est surtout une gigantesque perte d'énergie pour les partis et les personnes qui s'y investissent.

Alors que la situation demande de changer nos modes de vie et nos rapports au monde, nous avons la certitude que ces élections de 2007 n'aboutiront qu'à des aménagements du capitalisme, que le plus convaincant sera un-e serviteur-se des puissances d'argent capable de s'appuyer sur de redoutables capacités manipulatrices pour assoir cette dictature d'une minorité privilégiée.

Bien que toute l'attention médiatique se porte sur l'inéluctabilité du scrutin, nous ne céderons pas à la résignation et posons la question de l'organisation sociale et du besoin de rupture avec ce système destructeur d'idéaux et créateurs de cruelles (dés)illusions depuis des siècles. Plutôt que d'élire des représentant-e-s, nous pensons qu'il appartient à chacun-e de se responsabiliser et de se donner des moyens d'agir. C'est dans les luttes sociales et les rapports de force que nous créons face au pouvoir que nous posons les jalons d'une transformation de la société. C'est au moyen de notre action directe, sans intermédiaires élu-e-s ou autoproclamé-e-s, et grâce aux pratiques d'entraide que nous créerons les éléments d'une rupture avec l'ordre inégalitaire qui nous est imposé ainsi que l'ébauche d'une organisation sociale autogestionnaire à taille humaine. Car enfin une société de 60 millions de personnes peut-elle seulement être viable ?

Groupe Anarchiste Marée Noire


Populariser les objectifs des luttes de demain

A chaque élection, l’ensemble de la population s’intéresse à la politique, alors, nous qui en faisons toute l’année, nous voulons faire entendre nos idées et permettre aux travailleurs de faire un vote utile pour eux. Le sens de la candidature d’Arlette Laguiller est de permettre de voter clairement pour un camp, celui des travailleurs, et aussi de populariser les objectifs des luttes de demain et de les faire approuver par le plus grand nombre de travailleurs.

La situation sociale est marquée par des attaques du patronat, bien aidé par le gouvernement de droite en place. Retraite, sécurité sociale, précarité, services publics à l’abandon… les attaques n’ont pas manqué depuis cinq ans. D’où l’aspiration dans les classes populaires à voir la droite renvoyée dans ses pénates, ce qui passe par une victoire de la gauche.

Mais quel que soit l’élu du second tour, la situation des classes populaires ne changera que si elles renouent avec les luttes sociales. Des luttes pour imposer la transparence sur les comptes des entreprises de manière à ce que la population puisse voir où va l’argent, quels circuits il emprunte, dans quelles poches il transite. Il faut mettre fin au secret des affaires qui permet, outre de cacher les magouilles, de masquer aux yeux du public la réalité de l’exploitation du monde du travail.

Il faut construire vite les millions de logements qui manquent et que l’État réquisitionne les terrains pour le faire et embauche lui-même les ouvriers qui les construisent, sans enrichir au passage Bouygues et les autres. En y consacrant les 65 milliards dépensés actuellement en aides aux entreprises, en deux ans toutes les demandes de HLM pourraient être satisfaites.

Il faut augmenter tous les salaires de 300 € et faire qu’aucun ne soit inférieur à 1500 € nets, quel que soit l’horaire.

Etienne Hodara, Lutte Ouvrière